Isabelle BARBERIS - 30 Sep 2019

Identités et systèmes de valeurs

Réponse à Sabine Prokhoris

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Isabelle Barbéris, maître de conférences habilitée à diriger des recherches en Arts de la scène (Université Paris Diderot), a souhaité réagir à la note de Sabine Prokhoris consacrée à Laurent Dubreuil, publiée vendredi dernier, dans laquelle son dernier livre, L'art du politiquement correct (PUF 2019) est vivement critiqué. Nous avions contacté Isabelle Barbéris avant publication de la note pour l'informer de son contenu et lui proposer de répondre à Sabine Prokhoris. Voici le texte qu'elle nous a adressé :



Cette prière d’insérer ne constitue pas une réponse sur le fond à la note calomnieuse de Sabine Prokhoris, précisément dépourvue de fond. Il n’y pas de réponse possible aux insultes. Je ne peux pas non plus répondre de raisonnements que je n’ai pas tenus, de simplifications qui ne sont pas les miennes, et de déformations malhonnêtes de mes propos concernant la pièce épouvantable de M. Kacimi, que j’ai eu l’occasion d’analyser très longuement. Les seuls raccourcis que je vois sur Hayden White et le narrativisme (oui, c’est bien un méchant mot en – isme, qui a l’avantage de nommer son objet, et la controverse connue à laquelle je fais simplement référence) sont ici de Mme Prokhoris.

N’appliquant pas ses méthodes, je ne saurais affirmer quel est son degré de compétence et de connaissances réelles sur ce sujet, mais il semblerait, si l’on s’en tient à sa note, qu’il ne soit pas très conséquent et que les travaux de Françoise Lavocat à ce sujet lui seraient bénéfiques. Mme Prokhoris préfère dégainer Faurisson, sans s’encombrer de précaution, pour me discréditer et laisser planer une ombre pour le lecteur qui ne m’aura pas lue. Procédé expéditif comme celui qui consister à porter Laurent Dubreuil aux nues pour me rabaisser dans une note paresseuse. La seule question que je me pose au vu des motifs byzantins qu’elle invoque, c’est pourquoi le coupage de cheveux en quatre auquel elle se livre suscite une telle violence verbale, et la mise en question de mes qualités intellectuelles. Car il est rare de lire des attaques ad personam aussi décomplexées.

Il semblerait que l’opération qui consiste à me piétiner sans retenue, en se contentant de vagues citations tronquées et de réécritures déformées de mes propos, en utilisant le vocabulaire de la reconnaissance entre bien-et-mieux-pensants (« douteux ») constitue une opération bénéfique. Mon livre n’est pas comparable à celui de Laurent Dubreuil : les objets analysés diffèrent, et mon approche consiste à formuler une critique de l’art contemporain à partir de la mutation performative du langage, la question de la crispation identitaire n’étant qu’un des aspects du problème que j’essaie de traiter. Enfin, le comble est quand même de la voir mentionner Décoloniser les arts, alors que la critique de ce groupe constitue un apport de mon travail, pas du sien, pas de Laurent Dubreuil. On ne peut pas traiter de tout. Puisque la posture adoptée est celle de l’intransigeance académique, l’honnêteté minimale en la matière eût consisté à ne pas s’attribuer les résultats d’autre que soi, ce qui a dû s’avérer secondaire par rapport au projet de me rouler dans la boue.