Lutte contre l’islamisme : les valeurs dans la maison vide

- 22 Fév 2020

TIMIDE « Grosse cote, gros gain, gros respect », dit une publicité pour des paris en ligne. On l’aurait appliquée sans hésitation au coup de vent historique qu’a constitué l’irruption d’Emmanuel Macron sur la scène politique, et qualifié volontiers de perf du siècle sa victoire-éclair à l’élection présidentielle, sans parti, en homme seul. Tous les Présidents, je l’ai observé de plus ou moins près pour les trois derniers titulaires, passent une bonne partie de leur mandat à vouloir retrouver le miraculeux mélange, l’improbable alchimie qui les a portés au sommet que tous convoitent et qu’un seul atteint. Las, la magie n’opère pas indéfiniment, et même si l’échantillon est restreint, on peut dire que, sous la Vème République, elle opère de moins en moins.

On sait pourtant Emmanuel Macron homme de paris, autant qu’il est sensible, comme ses prédécesseurs, au mystère de l’élection, qu’on écrirait presque avec des majuscules si on n’avait pas peur de trop appuyer le clin d’œil vers le sujet qui l’a conduit à Mulhouse cette semaine, même s'il était un peu, mais pas vraiment caché, derrière un peu de verbiage technocratique : le vrai sujet du discours et du déplacement présidentiels, c'était bien la religion, et sa place dans la société.

Or, après avoir écouté ce discours, on repense au qualificatif que laissa tomber le sévère Quinet sur les révolutionnaires, dès lors qu’il se fut agi pour eux de penser la question de la liberté de conscience dans une France baignée de foi chrétienne : « timide" !

Ardents à mourir et à faire mourir, innovateurs en tout – de la métrique jusqu’au calendrier - ils n’ont pas osé rompre radicalement avec l’héritage chrétien, ni changer de religion, encore moins la supprimer, bien moins audacieux, d’une certaine manière, que nombre de rois très-chrétiens qui ne redoutèrent pas l’excommunication pour faire prévaloir la raison politique, et ce qu’on n’appelait pas encore l’intérêt supérieur de la nation, sur les prérogatives à la fois spirituelles et temporelles de l’Eglise.

« Il ne faut pas tout mélanger ! » : combien de fois le Président de la République l’a-t-il répété au sujet de l’islamisme, du voile, de la laïcité, de l’immigration, des discriminations, de la politique de la ville et de bien autres choses encore ? C’était en tout cas, semble-t-il, le leitmotiv de sa discussion à bâtons rompus au retour d’Israël courant janvier. Or c’est un peu ce qu’il a fait à Mulhouse, à son corps défendant peut-être, mais passant le plus clair de son discours à dire ce que l'islamisme n'était pas, à reconnaître les torts et les faiblesses de la République, plutôt qu'à nommer l'adversaire.

Car au fond, quel était le sujet de cette longue intervention, qui se voulait pragmatique et concrète, ce qui est une manière de dédramatiser un sujet mais aussi, en creux, d’en rabattre sur ses ambitions ? C’est difficile à dire tant les sujets abordés étaient vastes, nombreux, importants, disparates, car au final le Président aura sans doute voulu s’adresser d'abord aux musulmans, dans l’intention, irréprochable en elle-même, de les « embarquer » avec l’Etat dans la lutte contre le « séparatisme islamiste », qu’à définir précisément ce qu’il entendait par « séparatisme », sauf à en donner une vision assez minimale, pour ne pas dire minimaliste, et partant assez fausse, comme étant le fait de tout comportement ou discours prétendant s’affranchir des lois de la République au nom d’une loi religieuse réputée supérieure (on notera d’ailleurs que, de ce point de vue, la droite qui critique Macron ne fait pas autrement, et donc pas mieux, avec sa proposition de loi constitutionnelle : les mots sont peut-être plus explicites mais leur portée est identiquement faible).

Or l’islamisme ne se donne à voir comme « séparatiste » que dans ses formes les plus extrêmes, ou les plus balourdes ; ni les islamistes de sensibilité frériste, qui promeuvent une implication active dans la société – mais pour la transformer –, ni la plupart des salafistes qui disent mépriser le politique mais revendiquent l’interventionnisme dans le vaste champ du social et, de plus en plus, de l’économique, ne sont au sens premier du terme « séparatistes », si du moins, comme l’a fait un peu trop sommairement le Président de la République, on cantonne ce terme à la volonté de s’affranchir de la loi. Car dans ce cas, le VTC qui ne sert pas la main aux femmes – il en a le droit – est moins séparatiste que le zadiste, moins séparatiste que le « désobéissant climatique » et beaucoup moins séparatiste que les casseurs qui s’illustrent à chaque manifestation de Gilets jaunes, contre la réforme des retraites ou lors des déplacements de François Hollande. Voici donc le premier écueil de ce discours : en concédant que le problème islamiste n’était pas exclusivement (et même, osons l’affirmer : pas principalement) celui de la radicalisation violente, le chef de l’Etat a certes fait un peu redescendre la barre qui sépare l’acceptable de l’inacceptable, mais elle est encore haute, bien trop haute…

Deuxième problème, pas moins profond que le premier : à supposer que l’on définisse plus clairement ce que l’on combat, encore faut-il être au clair sur ce qu’on lui oppose : lutter contre le « séparatisme islamiste », si on veut l’appeler comme cela, mais pour quoi et au nom de quoi ? Cela parait tout bête, mais le sait-on seulement ? Là-dessus, Emmanuel Macron est très vague, et la seule atténuation que l’on peut trouver à ce reproche, c’est qu’il n’est vraiment pas le premier des chefs politiques de ce pays à entretenir le flou, et que c’est tout le problème : sinon la réitération vague de principes vagues, les seules arêtes que l’on trouve, en dernier ressort, quand on gratte un peu la carcasse des formules sacramentelles sur le commun, la République, la laïcité, le vivre-ensemble, etc., c’est encore et toujours le respect des lois. Mais quels principes les inspirent, ces lois ? Quelle vision collective les a fait naître ? Quel projet dessinent-elles ? Motus là-dessus : rabattue sur une formulation étroitement juridique, la laïcité, qui est le cœur de ce que l’Etat comme opérateur de la communauté politique devrait justement opposer à l’islamisme, se borne à indiquer « la liberté de croire ou de ne pas croire », formule qui devient fausse quand on ne la développe pas – liberté de croire ce que l’on veut comme l’on veut, de ne pas croire, de nier la religion, d’en changer, sans que quiconque ait à y redire, etc. -, la neutralité du service public, elle-même vidée d’une partie de son sens car destinée à protéger le citoyen contre toutes les emprises, et non le seul croyant contre l’Etat, et enfin la séparation, qui en elle-même, comme le prouve assez le contre-exemple américain, n’est pas une qualité distinctive de la laïcité.

DANS LE SILENCE DES LOIS

Soyons indulgents : Emmanuel Macron n’a certes pas empoigné le problème, mais il l’a maintes fois effleuré. Quand il évoque, à propos du voile ou des relations homme-femme, la question de la « civilité », il indique bien qu’une pratique culturelle dictée par des prescriptions religieuses créé un trouble légitime dans la société, quand bien même n’est-elle pas répréhensible juridiquement. Son seul tort, mais il est capital, est de le détacher de la laïcité : car si les règles posées entre 1881 et 1905 par le législateur ne sont pas enfreintes, toutes les idées qui les ont inspirées en amont et tous les dispositifs de puissance publique qu'elles ont fait naître en aval sont, en réalité, remis en cause, pas toujours volontairement c’est vrai – la grande majorité des femmes qui portent le voile le font non seulement sans contrainte, mais encore sans intention de défier qui que ce soit, c’est un fait que les laïques conséquents devraient regarder en face – mais de façon certaine, par des moeurs qui s'inscrivent dans un registre juridique et philosophique essentiellement différent, et qui, contrairement aux religions chrétiennes, n'ont pas eu des siècles de joutes, d'oppositions et de concessions, pour se polir sous les vagues de la sécularisation. Et lorsque sont invoqués les droits et les libertés à l’appui de comportements qui, pour ne pas défier les lois ou se tenir à leur lisière (instruction à domicile, activités non mixtes…), c’est la grammaire de cette « laïcité-liberté », heureuse de ses effets, ignorante ou contemptrice de ses causes et de ses soubassements philosophiques, qui est opposée à la République. Dans l’Histoire de la laïcité, la réforme des esprits, par l’instruction publique, précède de près d’un quart de siècle la séparation : les pères fondateurs de la Troisième République, qui connaissaient leur Quinet, et plus encore leur La Boétie, ne confondaient pas l’effet et la cause, et se sont attachés à ce qu’il y ait un fondement à la fois institutionnel et culturel solide, l’école républicaine, pour garantir que le plein exercice de la liberté de culte ne se retourne pas contre les idéaux républicains ; qu'en somme on ne vienne pas opposer Dieu à la Liberté au nom de la Liberté. Comme nous tendons à être un peu oublieux de notre propre Histoire, nous finirions par croire qu’il suffit de proclamer la liberté pour qu’elle advienne : non, elle est le fruit, d’ailleurs fragile, d’un intense travail politique, lui-même adossé à une lente maturation des idées. Venons-en au problème principal : qu’est-ce que la République, c’est-à-dire ce pour quoi on demande aujourd’hui à certains de nos concitoyens (et pas à tous dans les mêmes termes ni avec la même exigence, ce qui, incontestablement, nourrit un légitime ressentiment, sans avoir à fouiller dans le bric-à-brac des inconscients post-coloniaux) non seulement de respecter les lois – la belle affaire – mais encore d’adhérer à une manière d’être devenue évanescente à force de ne plus être définie ? Ici, la facilité consisterait à se réfugier derrière l’éloge libéral du pluralisme : « la République, c’est ce que les citoyens en font, ce n’est pas, ou plutôt ce n’est plus, l’hégémonie culturelle, la normalisation jacobine, etc. ». Oui mais : si daté, douloureux, détestable qu’ait pu être, par bien des côtés, ce temps de la République aplatisseuse de différences, et par ailleurs misogyne et colonisatrice, que nous dit-il du travail politique nécessaire à l’émergence d’une communauté de destin, dans une France défaite militairement, affaiblie politiquement, dépassée économiquement et surtout, bien plus qu’on ne le dit, fragmentée culturellement, comme l’a si bien montré Eugen Weber dans La fin des terroirs ? La vraie exception républicaine ne réside pas du tout dans le fait d’avoir « éveillé les consciences » à une Raison qui aurait été là, toute faite, prête à être découverte par des esprits enfin arrachés aux tutelles anciennes, une raison s’incarnant naturellement par l’unisson des citoyens dans l’amour de la Mère Patrie : c’est de l’avoir fait sans -trop- de coercition, dans un cadre politique délibératif, en s’en remettant à des principes de raison commune, c’est-à-dire de vérités relatives dans un ordre politique consciemment contingent et volontairement auto-limité. Pourtant, elle l’a fait quand même, avec esprit de suite : en disant ce qu’elle voulait pour ses enfants. On revient à l’école, ou plutôt on y retourne.

A considérer les droits libéraux dont nous bénéficions comme un déjà-là éternel et déshistoricisé, Emmanuel Macron pourrait donner l’impression qu’il ne cherche pas à remplir de valeurs le « lieu vide » du politique dont parlait Claude Lefort. Ainsi il y aurait un cadre, seulement un cadre, et libre à chacun, autour « d’exigences minimales de la vie en société » que le Conseil Constitutionnel a posé en 2010 lors de la loi sur la dissimulation du visage, mais sans les définir, de s’organiser comme bon lui semble. Or aucune communauté politique ne ressemble à cela, la nôtre moins encore : il lui faut, nous le disions, des arêtes, c’est-à-dire des limites et des interdits qui peuvent éventuellement donner lieu à une ingénierie juridico-administrative améliorée ;; mais il lui faut surtout de la chair et donc du muscle, quand il s’agit de répondre sur le fond à des contestations qui, pour être permises par nos lois démocratiques, n’en emportent pas moins la remise en cause, au plus près de la racine, de cette idée singulière que nous nous faisons de l’homme, idée d’autant plus singulière qu’elle a la prétention d’être universelle. Cette prétention anthropologique a une généalogie tellement longue et tellement compliquée qu’on comprend très bien qu’un Président de la République ne puisse ni ne veuille la ramasser dans un seul discours, ni même plusieurs : ce serait, pour le coup, d’une ambition démiurgique et mégalomaniaque. Mais entre ce trop inaccessible et ce trop peu où s’émousse jusqu’à la volonté de dire ce à quoi la République oblige, et non seulement ce qu’elle a à offrir – ce qui revient à souligner qu’elle offre toujours trop peu – la parole présidentielle échoue jusqu’à présent, non à dire l’importance vitale du commun, mais à dire précisément de quoi il est fait.

Tout cela, me dira-t-on, est bel et bon mais excessivement théorique et abstrait. Pas du tout : rien n’est plus terre-à-terre. En effet, les grands principes de la République « indivisible, laïque, démocratique et sociale », ce sont les fonctionnaires, et dans une mesure croissante des délégataires associatifs, surtout dans les territoires les plus difficiles, qui en sont à la fois les porte-parole et les dépositaires. Quel bagage leur donne-t-on pour remplir un ministère aussi redoutable ? Il est maigre, bien maigre : des formations initiales et continues faiblardes, un soutien hiérarchique flottant, des consignes qui exhortent à faire, faire savoir et faire remonter, mais quoi ? Je revois cette directrice de la protection judiciaire de la jeunesse me conter le jour où l’item « prévention de la radicalisation » est apparu sur ses tableaux de reporting : il lui fallait rendre compte des actions qu’elle avait entreprises dans un domaine sur lequel aucune instruction n’avait été donnée, ni même la moindre réunion organisée. Voilà pour l’Etat, pour ne rien dire des collectivités locales, où bon nombre d’élus ignorent opportunément la question. Dans ce flou général, la puissance publique, Etat et collectivités locales confondus, font confiance à des opérateurs historiques, comme les grandes fédérations de l’éducation populaire, à des acteurs associatifs émergents ou à des chercheurs. La réalité est que les discours dominants, dans cette maîtrise d’œuvre qui est en fait une maîtrise d’ouvrage – normal, puisque le maître d’ouvrage ne sait pas ce qu’il veut – sont sourdement ou explicitement contradictoires avec ceux que portent l’Etat. Rien n’illustre mieux cette ambivalence que le choix de Mulhouse pour ce discours inaugural du Président de la République : Mulhouse où, deux ans et quelques auparavant, le président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, donnait une conférence dans une association islamiste, en toute innocence probablement, convaincu que le sacerdoce républicain consistait à ramener les brebis provisoirement égarées de l'intégration providentielle. Aujourd’hui, le Président déclare la guerre au séparatisme islamiste, mais il le fait dans la ville où le chef d’un service placé sous son autorité est venu légitimer, comme acteur du vivre-ensemble, un entrepreneur local du séparatisme que le Président entend combattre. Une telle schize est aujourd'hui la marque du discours d'Etat face à la proposition islamiste : la base la subit, le sommet en parle, des corps intermédiaires la nient. Curieux qu'Emmanuel Macron, prompt à fustiger les corps intermédiaires défaillants, n'ait pas encore vu que c'était là que se situait le principal point de faiblesse de la République dans son ensemble.

DERRIERE L'ISLAMISME, LE DEFI IDENTITAIRE

Il est temps, en somme, de savoir ce que nous voulons, ce qu’être républicain veut dire. Le temps presse, non seulement au regard de la poussée islamiste, que j’avais évoquée avec une sobriété toute administrative dans un rapport remis il y a deux ans au ministre de l’intérieur, mais plus largement au regard de toutes les manifestations identitaires. Qu’elles soient réactives comme celle de l’extrême-droite du grand remplacement : cela peut conduire au terrorisme raciste, comme on l’a encore vu en Allemagne, à Hanau, mais aussi à l’avènement de formations politiques populistes aux affaires ; qu’elles soient encore, palliatives, comme ces mobilisations sociales sans issue qui théâtralisent une contestation sans but, comme Nuit debout en fut le triste exemple ; qu’elles soient, enfin, dolosives, qu’il s’agisse des des Blacks blocks, des activistes antispécistes ou des militants les plus radicaux de la transidentité et du décolonialisme.

La République a pu faire face à ses monstres – la protection des privilèges bourgeois, le sexisme, le colonialisme, notamment – parce qu’elle a pu secréter ses propres anticorps. Le devenir d’un Etat qui s’en remettrait au seul néo-libéralisme est beaucoup plus incertain face à ses monstres à lui, car ils l’attaquent en son cœur : primat du droit comme droit contre l’Etat, insignifiance de la chose publique face à des exigences communautaires dont la revendication victimaire est l’exhausteur juridico-politique, éclatement de la figure du citoyen en identités d’autant plus multiples qu’elles se réinventent en permanence au gré d’un mouvement perpétuel de « déconstruction ».

J’espère qu’on me pardonnera de n’avoir pas commenté du tout le bien-fondé, ou non, de renvoyer les 300 psalmodieurs que le Maroc et l’Algérie envoient chaque année pour le ramadan : désolé, mais ce n’est vraiment pas le sujet. A vouloir rabattre la grande question identitaire sur l’islamisme – certes proéminent, mais pas unique – et l’islamisme sur des règlements techniques, on passera, inéluctablement, à côté de la grande affaire de notre temps : l’âge identitaire, comme ne cesse de le clamer Laurent Bouvet.

Or pour ce faire, une fois encore, il faut prendre très au sérieux le défi religieux, protéiforme même si la proposition islamiste est la plus visible à ce jour. Ecoutons Michelet, qui écrit ceci dans la préface de 1868 à son Histoire de la Révolution française : « La question religieuse paraissait secondaire. Nos avertissements touchaient peu. En vain les Bossuet, les de Maistre, disaient hautement aux nôtres la profonde union des deux autorités. Ils l’ont sue un peu tard. Il leur a bien fallu s’éveiller en voyant le couvent près de la caserne, ces monuments jumeaux qui couronnent aujourd’hui les hauteurs des grandes villes, et proclament la coalition. »

Mettons cela dans la langue d’aujourd’hui : il n’y a pas trente-six solutions. Ou bien le politique n’a pas d’âme propre et il annexe, s’il le peut, sinon il s’allie et compose avec l’offre ou les offres spirituelles disponibles ; ou bien le politique a quelque chose à dire de notre vécu commun qui permette à chaque citoyen de modeler lui-même le visage de la Cité au bout de ses doigts. C’est sans doute beaucoup demander à un discours présidentiel, pris entre mille priorités et contraintes d’agenda. Mais y a-t-il d’autres enjeux plus essentiels, que de permettre à la communauté politique de se figurer à nouveau ?

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