Jean GLAVANY - 11 Jan 2019

Républicain, comme HUGO

Quel est le républicain, de celui qui veut faire aimer la République ou de celui qui veut la faire haïr ?

Si je n’étais pas républicain, si je voulais le renversement de la République, écoutez : je provoquerais la banqueroute ; je provoquerais la guerre civile ; j’agiterais la rue ; je mettrais l’armée en suspicion ; je mettrais la garde nationale en suspicion ; je mettrais le pays lui-même en suspicion ; je conseillerais le viol des consciences et l’oppression de la liberté ; je mettrais le pied sur la corde au commerce, à l’industrie, au travail ; je crierais : mort aux riches ! Je provoquerais l’abolition de la propriété et de la famille ; je prêcherais le pillage, le meurtre, le massacre ; je réclamerais un Comité de Salut Public.

En faisant cela, savez-vous ce que je ferais ? Je détruirais la République.

Que fais-je ? Tout le contraire.

Je déclare que la République veut, doit et peut grouper autour d’elle le commerce, la richesse, l’industrie, le travail, la propriété, la famille, les arts, les lettres, l’intelligence, la puissance nationale, la prospérité publique, l’amour du peuple, l’admiration des nations.

Je réclame la liberté, l’égalité, la fraternité, et j’y ajoute l’unité.

J’aspire à la république universelle.

Victor HUGO, Choses vues,1848



  A l’Aurore, nous sommes avant tout des Républicains, des femmes et des hommes de gauche ensuite.

Et ces mots de Victor Hugo dont nous nous réclamons, résonnent très fort en nous.

Car nous sommes dans ce moment. Ce moment particulier où un mouvement social respectable s’effiloche dans une forme de radicalité violente qui peut tout faire basculer. Ce moment où il importe de rappeler que, dans un République démocratique digne de ce nom, le seul détenteur d’une violence légitime est l’Etat, dirigé par un gouvernement démocratiquement élu.

L’exécutif n’est pas à l’origine de toutes les fractures qui traversent le pays ; on peut lui reprocher de les avoir ignorées, et même de les avoir aggravées. Mais c’est à lui qu’incombe aujourd’hui, à titre principal, la responsabilité de les réduire, et d’engager enfin cette conversation républicaine qui manque tant à notre démocratie.

Alors, autant nous sommes sévères, voire très sévères avec un pouvoir qui porte une lourde responsabilité dans la crise politique actuelle - car il faut bien appeler les choses par leur nom - , par l’arrogance de certains propos et de certaines attitudes, la négation des corps intermédiaires et, surtout, l’injustice de sa politique fiscale et sociale, autant il faut garder le sens des responsabilités et, comme dans tous les grands rendez-vous, penser d’abord à ce qui nous rassemble plutôt qu’à ce qui nous divise.

Donc, en appeler à l’apaisement, au respect et à la raison.

  Jean GLAVANY, Ancien ministre, Président de L’AURORE

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